Artificialisation des sols : pourquoi il est urgent de ralentir
La définition de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) retenue par la loi française climat et résilience vise à protéger les « fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que [le] potentiel agronomique » des sols. Et ouvre de ce fait la voie à la poursuite d’une multitude d’objectifs, qu’il faut hiérarchiser pour mener une action efficace. Alors, pourquoi est-il urgent de réduire l’artificialisation des sols ?
Dans le même dossier
Comment limiter l’artificialisation des sols ?
Construire la ville du futur, l’exemple de l’archipel, siège de VINCI
4 projets insolites de recyclage urbain
Le ZAN fixe un objectif de réduction quantitative de la consommation d’espaces à horizon 2050. Mais réduire la consommation d’espaces utilisés n’est pas une fin en soi : le ZAN n’a de sens seulement s’il vise lui-même des objectifs supérieurs. Rappelons que l’artificialisation des sols est le phénomène de recouvrement, après décapage, des sols par du bâti, qu’il s’agisse de chemins, routes, habitations, usines, parkings, entrepôts, etc. Il n’est donc pas étonnant que ses conséquences néfastes, et donc les objectifs de la loi, soient multiples. Mais pour le think tank La Fabrique de la Cité, il faut les hiérarchiser pour mener une action efficace. Contre quoi lutter en priorité ?
Risques pour la biodiversité et les activités humaines : la face visible de l’artificialisation
Érosion de la biodiversité et artificialisation des sols : le lien n’est pas difficile à faire. Car la transformation d’un espace naturel en terrain imperméabilisé modifie considérablement ou fait disparaître l’habitat des espèces animales ou végétales.
D’ailleurs, le plan Biodiversité en 2018 puis les propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) en 2020 et enfin les débats parlementaires autour de la loi climat et résilience en 2021 traitaient l’objectif ZAN sous l’angle de la préservation de la biodiversité.
Au-delà de ça, les activités humaines sont elles aussi directement menacées par l’artificialisation des sols qui :
• crée des îlots de chaleur en ville ;
• multiplie les risques de ruissellement ou d’inondations - car le sol n’absorbe plus l’eau de pluie ;
• ou encore réduit le potentiel des terres pour l’agriculture.
Moins souvent évoquée, l’artificialisation des sols participe aussi au dérèglement climatique.
Au cœur de l’artificialisation des sols, le réchauffement climatique
Réservoir de carbone : l’une des fonctions primaires des sols
Les scientifiques s’accordent à dire que, pour atteindre les objectifs de Paris et limiter la hausse des températures à 1,5 °C, il est non seulement impératif de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, mais également de développer des puits de carbone.
Capter le CO2 pour éviter son accumulation dans l’atmosphère : c’est la propriété qu’on attribue souvent aux forêts. Et en effet, une partie du CO2 émis est captée par la biomasse (arbres, plantes, algues…) via le processus de photosynthèse. Mais saviez-vous qu’une autre partie du CO2 est, elle, accumulée essentiellement dans les trente premiers centimètres de matière organique du sol ? Les sols sont même le premier espace planétaire de stockage de carbone.
D’ailleurs, pour le Cerema, établissement public sous tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, c’est une de leurs quatre fonctions principales.
Comment l’artificialisation des sols accélère le réchauffement climatique
L’artificialisation des sols accélère le réchauffement climatique, et ce, pour deux raisons.
La première, c’est qu’en construisant sur un sol on limite sa capacité à capter le CO2 : les sols artificialisés stockent beaucoup moins de carbone que ceux des forêts ou des prairies.
La seconde est liée aux quelque trente centimètres de sol dans lesquels est stocké l’essentiel du carbone. En effet, l’artificialisation induit un processus de décapage de cette couche essentielle, amorçant alors un processus dit de déstockage : on fait disparaître un espace de stockage et le carbone jusqu’alors contenu est libéré.
Le rôle de l’objectif ZAN dans la lutte contre le réchauffement climatique
L’objectif de zéro artificialisation nette des sols - que VINCI Immobilier souhaite atteindre d’ici 2030 - s’organise autour de deux leviers : la construction de la ville sur la ville et le recyclage urbain. Dans le premier cas, on favorise le développement de projets sur des zones déjà artificialisées, comme à l’archipel, siège de VINCI construit sur une ancienne friche ferroviaire, ou à Saint-Denis, où l’opération Universeine est menée sur une friche industrielle de 6,4 hectares. Le second, le recyclage urbain, permet quant à lui de redonner vie à un foncier sans usage, notamment en réhabilitant des bâtiments tertiaires ou industriels non usités. Ces deux axes limitent l’étalement urbain et l’artificialisation de nouveaux sols.
Les plus lus
Vous aimerez aussi
Fleuves et rivières, les voies de la dépollution
L’organisation de certaines épreuves nautiques dans les eaux de la Seine lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 a mis en…
Quelles solutions pour accélérer le développement des mobilités partagées ?
La mobilité routière est responsable de 95 % des émissions de CO2 du transport terrestre. La voiture est, et restera…
Fundación VINCI en Colombie : l’éducation et l’inclusion comme priorités
La Fundación VINCI en Colombie, première du Groupe en Amérique latine, a été créée en 2021 par VINCI Construction, ses…