Dessalement de l’eau de mer : la réponse aux crises de l’eau ?
Face aux pénuries d’eau qui touchent un nombre croissant de régions du monde, une idée millénaire connaît un regain puissant : puisqu’il y a tant d’eau dans les océans, pourquoi ne pas y puiser de quoi répondre à nos besoins vitaux ? Les procédés de dessalement sont, de fait, très anciens : dans l’antiquité, Aristote décrivait déjà comment les marins grecs savaient distiller l’eau de mer par évaporation à bord de leurs navires. Et aujourd’hui ? Qu’en est-il du dessalement de l’eau de mer pour répondre aux besoins en eau douce ?
L’eau douce, une ressource fragile
Planète Terre : 2,5 % d’eau douce… difficilement accessible
Selon les chiffres des Nations unies, près de 4 milliards de personnes vivent dans des régions touchées par une grave pénurie d’eau au moins un mois par an ; un quart de la population mondiale manque d’un accès sûr à l’eau potable ; un tiers n’a pas accès à des services d’assainissement suffisants1.
Ces difficultés trouvent leur source dans des fondamentaux géologiques. Sur Terre, l'eau est à 97,5 %2 stockée dans les océans, avec un taux de salinité qui la rend impropre à la consommation directe par les humains. La ressource serait tout de même abondante si les 2,5 % restants d’eau douce n’étaient pas très majoritairement concentrés dans les pôles et les glaciers, ou bien enfouis dans des aquifères, ces couches rocheuses suffisamment poreuses ou fissurées pour absorber l’eau de pluie par infiltration.
Résultat : avec les rivières, lacs et nappes phréatiques proches de la surface, l’humanité ne compte que sur moins de 1 % de l’hydrosphère terrestre pour étancher sa soif et répondre à ses besoins sanitaires, agricoles et industriels.
L’objectif de développement durable (ODD) n°6 des Nations unies vise à garantir à tous un accès à l’eau et à l’assainissement, défini concrètement de la façon suivante : entre 50 et 100 litres d’eau par personne et par jour, pour un coût représentant moins de 3 % des revenus du ménage, avec une source distante de moins de 1 000 mètres et un temps de collecte inférieur à 30 minutes.
Des pénuries d’eau douce aggravées par le facteur humain
Au-delà des invariants géologiques, les crises de l’eau sont aggravées par des facteurs plus conjoncturels :
- La croissance de la population mondiale, qui s’accompagne d’une hausse continue des prélèvements annuels dans les stocks d’eau douce renouvelables – à plus des deux tiers pour assurer l’irrigation des cultures ; la pollution accrue de ces mêmes stocks, du fait des rejets de substances toxiques dans l’environnement et de l’insuffisance des infrastructures de traitement des eaux usées.
- Le changement climatique, qui bouleverse le cycle naturel de l’eau douce avec des conséquences encore difficiles à modéliser précisément. Le régime des précipitations semble déréglé dans de nombreuses régions du monde, avec une fréquence et une intensité en hausse des risques d’inondation comme de sécheresse, tandis que la montée du niveau des océans entraîne une salinisation des aquifères côtiers desquels dépend l’approvisionnement en eau douce de milliards de personnes habitant ces rivages.
Dessaler l’eau : une solution contre le stress hydrique ?
Dans la péninsule arabique l’essentiel des besoins en eau douce sont déjà couverts par des usines de dessalement depuis les années 1970. De manière générale, en complément des procédés d’amélioration de l’efficacité des consommations d’eau et de l’investissement dans les infrastructures de traitement et de réutilisation, le dessalement fait partie des solutions à la disposition des pouvoirs publics pour contenir à des niveaux durables les prélèvements dans les stocks d’eau douce renouvelables.
Tedagua, filiale de VINCI a construit sa première usine de dessalement dans les années 1980 et répond depuis à une grande diversité de besoins. Certains projets sont promus par des municipalités à l’image de l’usine construite et exploitée par Tedagua à Beni Saf en Algérie, qui produit 200 000 m3 d’eau douce par jour. D’autres sont commandités par des industriels pour alimenter leurs sites de production en eau douce.
Tedagua réalise également des unités de dessalement intégrées à des conteneurs standards : faciles et rapides à déployer en cas d’urgence hydrique temporaire et isolée comme à la suite d’une catastrophe naturelle ayant endommagé les réseaux d’eau.
Comment dessaler l’eau de mer ?
Les défis du dessalement de l’eau ?
Deux grands défis se posent à tous les acteurs du dessalement. Le premier porte sur l’impact environnemental direct de ces usines qui, en fin de processus, rejettent à la mer une saumure concentrée susceptible de nuire aux écosystèmes marins. Si l’innovation pour répondre à cet enjeu continue, l’étude des courants et de la diffusion en mer permet, déjà, de maîtriser et limiter l’impact. L’autre grand défi concerne le coût énergétique de ces installations. Si, au cours des dernières décennies, les progrès techniques ont permis de fortement réduire les consommations d’énergie et le bilan carbone.
Tedagua, expert du dessalement et filiale de VINCI, répond à ces défis en investissant fortement dans l’innovation et travaille sur l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’osmose inverse (via, par exemple, le procédé d’électrodéionisation), ou encore sur la mise au point d’alternatives.
Nous collaborons avec des universités, des centres de recherche et des partenaires industriels pour faire émerger des technologies en rupture.
Javier Hildago directeur général de Tedagua, filiale de VINCI.
Sources :
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/drinking-water#:~:text=En%202021%2C%20plus%20de%20deux,dans%20certaines%20r%C3%A9gions%20(1).
Les plus lus
Vous aimerez aussi
Paroles de chercheurs : combattre les stéréotypes
Charlotte, chargée de recherche à l'École des Mines et Erwan, professeur des universités et chercheur chez AgroParisTech,…
Fondation VINCI pour la Cité : s’ouvrir aux autres, c’est aussi les inviter chez soi !
Avec 1,3 million d'associations et 2 millions de salariés, le tissu associatif français fait preuve d’une belle vitalité en…
Fleuves et rivières, les voies de la dépollution
L’organisation de certaines épreuves nautiques dans les eaux de la Seine lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 a mis en…