Fleuves et rivières, les voies de la dépollution
L’organisation de certaines épreuves nautiques dans les eaux de la Seine lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 a mis en lumière les risques de pollution affectant le fleuve de la capitale ainsi que la complexité à y remédier. Les cours d’eau sont essentiels à la vie des populations et des territoires qu’ils traversent, et leur dépollution – bactériologique en particulier – représente à ce titre un enjeu d’une importance et d’une urgence absolues.
« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », a écrit le philosophe Héraclite à une époque où le problème de l’assainissement des cours d’eau ne se posait pas. Aujourd’hui, la question est de savoir si l’on peut s’y baigner ponctuellement, sans risque… Au-delà de la baignade, appréciable lors des périodes estivales et d’éventuels épisodes de canicule pour les habitants de grandes villes, les fleuves et rivières nous rendent des services vitaux.
Fonctions écologiques et économiques des cours d’eau
Les cours d’eau se démarquent en particulier par leur nécessité au développement socio-économique, aux besoins alimentaires et au confort des populations. Selon les estimations du WWF, deux milliards de personnes sur la planète s’approvisionneraient en eau potable grâce aux cours d’eau, tandis que 60 millions de personnes trouveraient un moyen de subsistance dans les capacités de pêche offertes par les fleuves. D’un point de vue environnemental, les cours d’eaux sont primordiaux. Ils sont des réservoirs de biodiversité et des refuges pour la faune et la flore. Chaînons indispensables à la continuité écologique, ils sont aussi un facteur vital de la subsistance des forêts et zones humides, et de recharge pour les nappes phréatiques. Enfin, la contribution des fleuves et rivières se matérialise en termes paysagers et de bien-être pour les riverains.
Toutes ces fonctions étant susceptibles d’être affectées et amoindries par la pollution, la restauration et/ou le maintien en bonne santé des cours d’eau a donc valeur d’enjeu critique. Car s’ils possèdent une faculté de résilience grâce au phénomène d’autoépuration leur permettant d’éliminer certaines substances néfastes à leur fonctionnement, celle-ci est limitée.
Une pollution aux visages multiples
Mais quelles sont les pollutions qui impactent ces eaux ? Celles-ci revêtent une dimension microbiologique ou chimique (qu’elle soit d’origine naturelle ou, à l’instar du changement climatique, liée à l’activité humaine).
Dans le premier cas, il est question d’une pollution organique, ou bactériologique, associée à des micro-organismes pathogènes, provenant en très grande majorité des excréments humains ou animaux ainsi que des ordures ménagères et des déchets végétaux.
Le saviez-vous ?
Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) nous apprend que près d’un tiers des cours d'eau d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie seraient concernés par une pollution pathogène grave, causée notamment par l’écoulement d’eaux usées non traitées. Au total, c’est un septième de tous les cours d’eau qui seraient exposés à une pollution organique sévère.
La contamination chimique est quant à elle attribuable à des polluants divers tels que les engrais, les pesticides et autres produits utilisés dans l’industrie, ainsi qu’aux médicaments.
Quelles adaptations et infrastructures pour restaurer l’équilibre bactériologique des fleuves ?
Pour éviter ou limiter la pollution bactériologique des eaux, il est impératif de réduire les substances – ou leur potentiel polluant – qui y sont déversées, les eaux usées au premier chef. En zone d’assainissement collectif, celles-ci sont collectées et traitées par la collectivité selon un circuit allant du tout à l’égout à leur passage en station d’épuration avant leur rejet.
VINCI Construction Grands Projets et Sogea Environnement notamment, filiales du Groupe, déploient dans le domaine une expertise reconnue.
Sogea Environnement, champion français de l’hydraulique
Début 2023, VINCI Construction regroupe l’ensemble de ses activités dans le domaine de l’hydraulique en France au sein de Sogea Environnement. Experte sur toutes les étapes du petit cycle de l’eau, dont il est le leader français, la nouvelle entité déploie une offre de services couvrant la conception, la construction, la maintenance et la réhabilitation des réseaux.
Mais les égouts et les stations d’épuration n’ont qu’une capacité limitée, et peuvent se trouver surchargés lors d’événements pluvieux de grande ampleur, jusqu’à provoquer le déversement d’eaux usées non traitées dans les cours d’eau. Pour prévenir ce risque, des ouvrages de stockage temporaire des eaux sont édifiés au cœur des villes – des grandes agglomérations plus particulièrement.
Par leur localisation dans des environnements contraints et par leurs dimensions, certains sont de véritables joyaux de génie civil, tels que :
- Le bassin d’Austerlitz à Paris : à proximité de la gare d’Austerlitz, cet ouvrage exceptionnel (50 m de diamètre, 46 000 m³ de capacité) a été livré en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Réalisé par un groupement au sein duquel figure VINCI Construction, il a vocation à améliorer la qualité des eaux de la Seine de manière durable, en stockant temporairement les surplus d’eau occasionnés par les forts épisodes pluvieux avant leur réacheminement vers le réseau d’assainissement.
- Le Thames Tideway Tunnel à Londres : le réseau d’assainissement de la capitale britannique a été conçu il y a 160 ans, pour une population de 4 millions d’habitants… contre près de 10 millions aujourd’hui. Les événements pluvieux intenses conduisant fréquemment à sa saturation, il a été décidé d’établir un tunnel de 7,2 m de diamètre afin d’emmagasiner temporairement les excédents d’eaux usées et pluviales en cas de besoin. Long de 25 km et enfoui entre 30 et 65 m de profondeur, il est réalisé (pour un lot sur trois) par une joint-venture incluant VINCI Construction Grands Projets, Bachy Soletanche Ltd et Costain. Sa mise en service complète est attendue pour 2025.
De la nécessité de lutter contre toutes les pollutions des eaux
Il ne s’agit là que d’un aperçu des solutions déployées pour limiter la détérioration des cours d’eaux. D’autres sont mises en œuvre selon les situations et besoins identifiés localement, tels que les filtres plantés de roseaux – dispositif de traitement exploitant l’effet épuratoire naturel des roseaux.
Enfin, la dépollution bactériologique est un défi de premier ordre, mais pas le seul. La pollution par les plastiques est également l’un des enjeux majeurs de préservation des cours d’eau.
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