Éolien offshore : où en est-on dans le monde ?
Plus grandes et profitant de vents plus puissants que leurs cousines sur terre, les éoliennes en mer sont une source d’énergie renouvelable prometteuse. La plupart des scénarios estiment d’ailleurs que l’éolien sera essentiel dans le mix énergétique de demain. Pourtant, si le marché est en pleine expansion, il ne s’est pas déployé à la même vitesse partout dans le monde. Acceptabilité, efficacité, coût des installations et matériaux… quelles sont les barrières, et comment les lever ?
L’énergie constitue un défi socio-économique et environnemental majeur des décennies à venir. Le vent qui souffle en mer constitue, justement, une source d’énergie inépuisable. Implantées à plus de 10 km des côtes, les éoliennes offshore exploitent cette énergie acheminée vers le réseau terrestre par un câble sous-marin. Mesurant jusqu’à 200 m de haut - la vitesse du vent augmentant avec l’altitude – leurs pales sont également plus larges. À ces différences près, leur fonctionnement est le même.
L’éolien offshore, un secteur qui a le vent en poupe
La production des éoliennes en mer augmente chaque année (+ 26 % entre 2018 et 2019 selon l’agence internationale de l’énergie). Pour Rita Sousa, associée au sein du fonds Faber Ocean / Climate tech et invitée de la conférence Énergies marines renouvelables : les promesses de la houle et du vent organisée chez Leonard - plateforme de prospective et d'innovation VINCI -, le secteur devrait atteindre 87 milliards de dollars d’ici 2026, avec un taux de croissance annuel de 13 %.
En mer, les éoliennes peuvent produire 2 fois plus d’énergie que sur terre
Parce que les vents en mer soufflent plus fort, ces infrastructures peuvent produire, grâce à leur turbine géante, jusqu’à 60 % d’énergie en plus que les éoliennes terrestres*. Et parce que les vents sont aussi plus réguliers, elles tournent de façon plus constante : un intérêt non négligeable quand on connaît le défi que pose l’intermittence des énergies renouvelables. L’autre avantage, c’est, qu’en mer, les éoliennes sont proches des lieux de consommation : 60 % de la population mondiale vit à moins de 150 km des côtes. Ce qui permet de limiter les pertes lors du transport de l’énergie.
*Source : Ademe
Des avancées technologiques à vitesse grand V
Pour booster leur efficacité énergétique, les optimisations se multiplient. Une nouvelle génération de méga éoliennes voit notamment le jour. La dernière en date ? L’Haliade-X de GE Renewable Energy : avec ses 248 mètres de hauteur et ses pales de 107 mètres de long, cette géante des mers est à l’heure actuelle la plus puissante au monde (13 MW). Ses nacelles sont assemblées en France dans l’extension du site de Saint-Nazaire réalisé par VINCI .
Mais un déploiement mondial inégal
Malgré ces promesses, la capacité énergétique mondiale des éoliennes offshore est encore faible comparée à celle des éoliennes onshore. En cause : des cadres juridiques et administratifs variables selon les pays pouvant ralentir le déploiement, une définition des emplacements de ce fait plus compliquée. Et bien sûr, des coûts de production, d’installation - liés à la fois au système des fondations et aux raccordements terrestres – ainsi que de maintenance élevés. Résultat : tous les pays n’avancent pas au même rythme. Aujourd’hui, cinq pays (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Danemark et Chine) représentent près de 95 % des capacités installées d’éolien offshore, c’est un secteur très concentré.
Une forte concentration de l’éolien offshore en Europe
L’espace maritime européen – le plus grand au monde – est un atout pour implanter des infrastructures d’énergie renouvelable. C’est en mer du Nord que les projets se concentrent. VINCI a participé à la construction de Trianel Windpark Borkum 2 en Allemagne, un parc de 200 MW alimentant 130 000 foyers en énergie renouvelable. Et a réalisé en Espagne la plateforme de conversion DolWin kappa acheminée en mer du Nord pour compléter le réseau offshore de l’entreprise TenneT. Cette plateforme transforme l’électricité produite en mer pour la relier au réseau à haute tension sur terre.
Mais au sein même du Vieux Continent, certains pays ont pris du retard : alors que le premier appel d’offres pour créer un parc éolien offshore a été lancé en 2012 en France, le premier n'a été opérationnel opérationnel qu’à la fin 2022, au large de Saint-Nazaire.
De nouveaux entrants sur le marché de l’éolien offshore
En dehors d’Europe, la Chine n’est pas en reste : fin 2021, elle a mis en service trois nouveaux projets, dont le plus grand parc éolien offshore du pays doté des plus grandes turbines. De nouveaux pays se positionnent, comme Taïwan, les États-Unis ou la Corée du Sud. Cette dernière ambitionne d’ailleurs de construire le plus grand parc au monde : avec 8,2 GW, sa production serait équivalente à celle de six réacteurs nucléaires.
Quelle acceptabilité pour les projets d’éoliennes en mer
Faire cohabiter biodiversité, activités de pêche et éoliennes en mer
Aux États-Unis comme en France, l’industrie de l’éolien en mer a été affaiblie par un vent de contestation de l’opinion publique. Nombreux sont les habitants des littoraux à se dresser contre ces structures, accusées de pollution visuelle, mais aussi de perturber les activités économiques comme la pêche et les fonds marins. Qu’en est-il vraiment ? Dans un rapport, l’Ademe conclut que les impacts se limitent à la période de construction du parc offshore et, qu’une fois installé, la faune revient peupler la zone. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) ajoute même que « l’installation de structures en mer peut créer un effet récif sur des fonds sableux et favoriser la présence de poissons. ».
L’éolien flottant, une réponse aux réticences ?
Transparence et dialogue sont clés pour faire avancer la filière. L’innovation et le développement d’autres technologies aussi. Ainsi, l’éolien flottant s’impose de plus en plus comme une alternative. Contrairement à une éolienne dite posée, dont la structure est assemblée en pleine mer puis fixée au sol, une éolienne flottante peut être assemblée à terre et tractée au large grâce à des flotteurs. Résultat : moins d’impacts négatifs pour l’environnement pendant les travaux, et une emprise au sol moins importante. Mais surtout, parce qu’elles sont construites plus loin au large, elles sont moins susceptibles d’être visibles des côtes et de gêner les autres activités (pêche, navigation…). Dans les pays où le fond marin est trop profond pour y implanter des éoliennes traditionnelles, comme en France, l'éolien flottant est une alternative pouvant permettre au secteur de rattraper son retard.
Dépasser les blocages liés aux coûts, à l’efficacité encore relative de ces infrastructures d’énergie renouvelable, aux procédures administratives et aux réticences de l’opinion publique... Pour Irina Lucke, Division Manager chez VINCI Energies, ce ne sera possible qu’en fixant des objectifs clairs à l’échelle nationale et internationale. Et en nouant des partenariats entre acteurs publics et privés pour accélérer les investissements. La Commission européenne prévoit ainsi d'investir près de 800 milliards d’euros sur les trente prochaines années pour atteindre ses objectifs. Les fonds privés spécialisés soutiennent eux aussi les entrepreneurs du secteur. À l’image de Faber Ocean / Climate Tech, qui investit activement dans les technologies susceptibles d’accroître l’efficacité et la longévité des infrastructures de production d’énergies renouvelables offshore.
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