visuel décongestion transport fluvial
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Comment le transport fluvial décongestionne les villes

Et si le transport fluvial accélérait la décarbonation et la décongestion des villes  ? Partout dans le monde, de grandes agglomérations déploient une nouvelle logistique urbaine centrée sur cette alternative durable et de proximité. Transport en commun, transport de marchandises et transport industriel : embarquez à bord des dernières initiatives ! 

Des transports en commun fluviaux

Des villes européennes pionnières 

Londres, Rotterdam, Anvers, Strasbourg ou encore Stockholm… De nombreuses villes européennes ouvrent la voie au développement du transport en commun fluvial. Dans la capitale britannique par exemple, 4 millions de passagers sont transportés chaque année sur la Tamise. La clé de la réussite du dispositif ? L’intermodalité. En effet, les lignes fluviales sont intégrées depuis 1999 au réseau de métro et de trains londoniens. Il est ainsi possible d’utiliser sa carte de transport en commun, la fameuse Oyster Card, pour naviguer !

La France en deuxième ligne 

Depuis quelques années, la France accélère elle aussi sur le transport fluvial. À Lyon, le transport de passagers par voies fluviales remonte à la seconde moitié du XIXe siècle, mais ce mode de transport déclinant ne concernait récemment plus que les touristes. Pour désengorger les voies terrestres, la métropole de Lyon va ainsi déployer un réseau de navettes sur la Saône, de la presqu’île depuis Vaise jusqu’à Confluence, d’ici 2025. Une solution concrète pour offrir une alternative de déplacement et réduire les embouteillages.  

animation bateau personnes

Dans la capitale, Voies navigables de France (VNF) a également présenté trois prototypes de navettes autonomes. Elles devraient relier les villes de Soisy-sur-Seine et de Ris-Orangis au grand pôle intermodal de Juvisy-sur-Orge, qui rassemble les lignes des RER C et D ainsi que 28 lignes de bus. Un parcours sur la Seine… sans pilote ni rejet de CO2 ! Avec des navettes 100 % électriques testées durant l’été 2024. 

visuel croisières touristiques

Des croisières touristiques à faible impact carbone 

 

À Paris, les croisières sur la Seine sont l’une des activités favorites des touristes venus visiter la capitale. Aussi, le transporteur Vedettes de Paris s’est engagé dans une politique volontariste avec pour objectif de diminuer de plus de 50 % son impact carbone. L’entreprise a ainsi décidé d’électrifier sa flotte de cinq navires touristiques transportant jusqu’à 1 250 passagers. Pour relever ce défi, c’est Actemium Marine (VINCI  Energies) qui a été sélectionné.  

Vers le développement du fret fluvial 

Déplacer les marchandises sur l’eau plutôt que sur la route c’est moins d’embouteillages mais aussi moins de pollution : le fret fluvial émet cinq  fois moins de CO2 que le fret routier ! Grâce à la capacité des bateaux, on estime qu’un convoi fluvial de 5 000 tonnes éviterait entre 230 et 250 camions sur les routes. Une opportunité en or pour décarboner ce secteur : des projets variés voient ainsi le jour en Europe, comme à Strasbourg, qui dispose depuis mai 2018 d’une plateforme fluviale pour le transport de marchandises vers le centre-ville. Chaque jour, 122 tonnes de boissons à destination des cafés et des restaurants ainsi que des colis pour les particuliers sont acheminées via une navette, puis un vélo-cargo électrique. 

animation bateau marchandises
transport de marchandises

L’Union européenne s’est fixée d’atteindre un report modal du transport de marchandise de la route vers le ferroviaire ou le fluvial de 30 % d’ici à 2030, et de 50 % d’ici à 2050.

Pour soutenir ce développement en France et décarboner l’ensemble de la chaîne logistique, VNF accompagne les transporteurs fluviaux via des aides financières. De son côté, l’État a mis sur la table plus de trois milliards d’euros sur la période 2020-2029. L’objectif ? Moderniser les voies fluviales et créer de nouveaux réseaux, comme le canal Seine-Nord. Ces investissements produisent des résultats concrets. Depuis 2022, le géant Ikea mise ainsi sur le transport fluvial pour livrer les Parisiens. Les commandes sont acheminées par bateau jusqu’au port de Bercy, puis chargées sur des véhicules électriques pour assurer la livraison du « dernier kilomètre ». 

Passagers, colis mais aussi… déchets de chantiers  ! Exemple de l’autre côté de la Manche sur le projet Thames Tideway : un super-égout pour qui permettra d’assainir les eaux de la Tamise. Pour évacuer les déchets générés par le chantier de la section Est (Tideway East) dont VINCI Construction Grands Projets est mandataire, les équipes ont choisi d’évacuer les sols excavés et d’acheminer les voussoirs de ce tunnel de 25 kilomètres et de 7,2 mètres de diamètre au moyen de barges sur la Tamise. Ce choix permet notamment d’éviter près de 75 000 va-et-vient routiers réduisant les émissions carbone du chantier de 5 200 t.  

230

camions sur les routes évités par convoi fluvial de 5 000 t.

La Samaritaine

Après cinq ans de travaux, les équipes de Petit (VINCI Construction) ont livré en 2022 la Samaritaine, bâtiment iconique parisien, entièrement réhabilité en un ensemble mixte qui accueille l’emblématique grand magasin restauré, un hôtel, des restaurants, des bureaux, des logements et une crèche. 

Pour évacuer les 110 000 mètres cubes de déchets (gravats, ferraille, bois, carton, plastiques), l’entreprise a eu recours aux péniches permettant de réduire l’impact carbone du chantier et de réduire l’encombrement des voies routières parisiennes.

Particulièrement adaptée aux chantiers urbains d’ampleur, les solutions d’acheminement de matériaux et d’évacuation de déchets par voies fluviales permettent de déplacer de grandes quantités de matériel et de réduire l’impact du chantier. Un seul bateau emporte en moyenne 750 tonnes par trajet, de quoi remplacer les allers-retours de plus de 30 camions, limitant l’encombrement routier, les nuisances sonores et la pollution de l’air…  

2,7 millions

de tonnes transportées par voie fluviale par les acteurs du BTP, premiers utilisateurs du réseau navigable français, en 2021.

Le fluvial, l’une des réponses aux enjeux de la transition écologique et à la saturation des grands centres urbains ? S’il reste encore marginal en France, ce mode de transport suscite en tout cas un véritable regain de popularité. En 2023, il avait progressé de 40 % à Paris. De nouveaux projets continuent sans cesse à voir le jour… Le début d’une nouvelle ère ?  

Sources : 

Carbon 4 

Les Echos