Hydrogène gris, bleu, vert... un arc-en-ciel à décoder
Il est courant dans les médias de voir l’hydrogène associé à une couleur : gris, vert, bleu, jaune, noir… Cet étiquetage informel sert à identifier facilement l’origine de l’énergie considérée. Et il a son importance : selon son mode de production, l’hydrogène sera un contributeur massif au changement climatique, ou au contraire un levier-clé de la transition énergétique. On explore la palette pour tout comprendre.
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Gris, brun et noir : de l’hydrogène à partir d’hydrocarbures
Les hydrocarbures sont, par définition, composés d’atomes de carbone et d’hydrogène qu’il faut séparer pour en extraire le seul hydrogène. Aujourd’hui, la quasi-totalité de la demande mondiale en hydrogène est satisfaite au moyen de procédés utilisant des hydrocarbures. L’hydrogène « gris » est obtenu par vaporeformage de gaz naturel. Les hydrogènes dits « brun » et « noir » sont quant à eux produits via un procédé de gazéification de charbons.
Bleu : capter les émissions carbone de l’hydrogène gris !
L’hydrogène « bleu » est issu d’une variante du procédé de vaporeformage dans des usines pétrochimiques équipées de dispositifs de captation, de stockage et de réutilisation du CO2 émis (couramment désignés par le sigle CCUS, pour « carbone capture, utilisation and storage »). Le carbone émis par le procédé est alors capté. Il est ensuite soit stocké durablement soit réutilisé à des fins industrielles.
Rose, jaune et vert : l’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau
L’hydrogène est abondant dans l’eau. Il est ainsi possible de produire industriellement de l’hydrogène par un processus d’électrolyse physiquement simple : faire passer un courant électrique dans l’eau pour « casser » sa molécule H2O.
Lorsqu’il est rose, l’électricité nécessaire au procédé est alors fournie par des centrales nucléaires. À l’échelle de l’Union européenne, le nucléaire a été intégré comme une source de production d’énergie durable dans la taxonomie adoptée en juillet 2022.
Lorsqu’il est jaune, l’hydrogène est également produit à partir de l’électrolyse de l’eau avec l’électricité du réseau local qui peut donc être produite à partir de sources fossiles, nucléaires ou renouvelables.
L’hydrogène vert est réalisé à partir d’électricité renouvelable (hydraulique, solaire, éolienne…), il permet d’obtenir un hydrogène dit « vert ».
Un hydrogène « vert foncé » ? Le cas particulier de la biomasse
Tout comme les hydrocarbures, les molécules organiques qui constituent la biomasse sont riches en carbone et en hydrogène. De ce fait, il est possible de produire de l’hydrogène par fermentation ou gazéification de déchets agricoles, sylvicoles, agro-industriels et ménagers. Cette technique est dite « neutre » en carbone. En effet, le carbone émis par le processus est équivalent à celui qui aurait été diffusé dans l’atmosphère lors de la dégradation naturelle de ces déchets.
Production d’hydrogène bas carbone : quels enjeux ?
Si la « couleur » de l’hydrogène est si importante, c’est que cet élément chimique sera un vecteur essentiel dans la transition énergétique. Dans son scénario « Net Zero Emission » à l’horizon 2030, l’Agence internationale de l’énergie (IEA) anticipe un quasi-doublement de la demande mondiale en hydrogène, à plus de 175 Mt par an. D’ici à 2050, certaines projections tablent sur plus de 1 200 Mt. Une telle explosion ne sera soutenable qu’à la condition de développer massivement les hydrogènes vert et bleu au détriment du gris. Afin de déployer suffisamment d’installations CCUS et d’électrolyseurs pour tenir l’objectif de neutralité carbone en 2050, une étude du cabinet McKinsey estime qu’il faudra investir quelque 700 Mds $ dans l’hydrogène d’ici à 2030.
Lorsque l’hydrogène aura pris une part significative dans le mix énergétique mondial, il y aura des besoins massifs en capacités de stockage, à l’image de ce qui existe aujourd’hui pour le gaz naturel et le pétrole : c’est l’équivalent de 25 % de la consommation mondiale qui sont en permanence stockés, notamment pour les réserves stratégiques des États.
Pascal Baylocq, président de Geostock (VINCI Construction)
VINCI et la production d’hydrogène bas carbone
Extrait de la conférence Leonard avec Bruno Nicolas, directeur de la marque Actemium (VINCI Energies) ; Hugues Seutin, directeur de Hyfinity (VINCI Construction) ; et Pascal Baylocq, président de Geostock (VINCI Construction).
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